L’art minimal de Donald Judd, de Sol Lewitt ou de Dan Flavin, vise, non à une expression d’ordre esthétique, mais à un constat de l’objet physique de l’objet en soi et à une mise en jeu de l’espace dans lequel il rayonne. On dit d’une oeuvre qui est réduite à des formes géométriques strictes, ainsi qu’à des modalités élémentaires de matière ou de couleurs, qu’elle est minimale.
Le Centre International du Graphisme à Chaumont, commence ainsi son histoire, mais ne s’en satisfait pas pour autant. Car l’oeuvre est architecture et ne s’expose pas comme une oeuvre arrêtée. Elle s’expose au temps, aux gens, aux évènements, aux mutations. Elle naît d’une pensée minimale et s’enrichit de tout ce qui épaissit le trait et la surface de l’oeuvre. Les effets de style qu’on constate à chaque opération de cette nature, comme s’il s’agissait d’échapper à la banalité par le vacarme, ne produisent plus rien de bon, ni de solide. Le Centre International du Graphisme à Chaumont y échappe en s’installant dans un paysage tissé sur mesure et en se construisant, sans gesticuler, sur des perspectives faites de transparences et d’opacités profondes. Ses échelles sont variables comme celles qui construisent les oeuvres de Tintoret. On introduit le dynamisme du regard et de l’usage dans les espaces avec des perspectives et des parcours qui restent horizontaux pendant qu’ils se nourrissent de plans successifs, particulièrement nombreux.

Architectes : Francis Soler