Ce serait « un territoire d’exploration totalement pénétrable, tout le temps et en tout point. Un territoire aux limites fluides, séquencé et ouvert. Un tissu complexe d’intériorités voisines et sensuelles qui appelleraient à la découverte discrète et patiente de la ville de dedans, de cette ville plus secrète qui est au-delà, et qui s’arrête, toujours et paisible, aux frontières floues des intimités ».

Ce Munich-là se développerait en plein centre historique, se frotterait aux îlots austères du XIXe siècle. Il évoquerait les villas parisiennes, les tracés moyenâgeux imprévisibles ; il se composerait comme un feuilletage d’immeubles ; entre les tranches effilés des bâtiments, s’immisceraient des places étirées qui iraient buter sur les pignons en fond de parcelle. On déambulerait d’une place à l’autre ; chaque interstice proposerait une scénographie particulière : massifs de roses, de rocailles, jets de vapeurs, ballets de lampadaires se succéderaient comme autant d’épisodes inattendus d’un scénario urbain. Comme des écrans plats, les façades auraient été animées de trames graphiques coulissantes, qui auraient composé une fresque vivante.

Dans ce Munich-là, on aurait eu aussi plus qu’ailleurs conscience du sol ; une feuille tendue sans rupture d’un bout à l’autre de la parcelle aurait participé au récit du lieu, accompagnant et reflétant les vitrines des magasins, interstice sensible encore avec l’espace du sous-sol où se prolongerait la ville commerçante.

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Architectes : Francis Soler