Beyrouth
BEYROUTH
LIBAN
Souks et centre d'Affaires
1994 / EN ETUDE
160 hectares
Au coeur d’un programme de rénovation de cent soixante hectares, largement dominé par l’urbanisme américain, on songeait à recréer le quartier pittoresque et animé, les rues tortueuses et médiévales des souks légendaires de Beyrouth. Mais les remblais de démolition des bâtiments détruits par la guerre avaient été déversés dans la mer, comblant la baie et modifiant la géographie originale.
Sur cette terre artificielle serait édifié un nouveau front de mer, dont les souks seraient exclus. A quoi Francis Soler s’opposait: « notre premier travail fut d’araser le remblai de manière à ce que la mer le recouvre de quelques mètres pour retrouver le contour historique de ses côtes. »
Une fois le paysage reconstitué, il suggérait aux promoteurs, pour compenser le manque à gagner, de créer un centre d’affaires comme « une série de tours élancées, plantées dans l’eau, telle une succession de phares d’Alexandrie posés les uns à coté des autres ». Une Venise moderne sur la surface plane de la Méditerranée. Des tours auraient émergé sur la nappe d’eau, rutilantes, reliées entre elles par un réseau d’esplanades, un maillage de quais construits sur les remblais.
L’horizon recomposé, la plage réinstallée, les souks se développaient sur toute la longueur du site orienté en pense douce vers la mer. Les rues, les venelles, les placettes étaient les mêmes qu’à l’origine. Mais les souks devaient se densifier et accueillir aussi des parkings, des logements, des bureaux, quelques équipements. D’où, comme une ville sur la ville et , posés sur des pilotis, des îlots en surplomb sur les artères piétonnières. Des patios luxuriants s’y développaient. Ces deux villes superposées communiquaient par des vues, des passerelles. Des rais de soleil plongeaient dans les souks, les jardins privés se laissaient entrevoir depuis les rues commerçantes, encombrées et bruyantes. Là, la ville aurait été complexe, riche et colorée, comme un pôle d’histoire vive qui aurait existé en tension et en opposition, face au nouveau centre d’affaires disjoint, posé étrangement dans la baie.
Architectes : Francis Soler