Chamonix

Les Houches
Chamonix
France

Mur Acoustique

1993 / Etudes

5km

Cinq kilomètres entre Les Houches et Chamonix: le ruban d’une autoroute tranche brutalement un paysage de fond de vallée, mêlant aux clairières et aux forêts un éparpillement de chalets de montagne. A cette échelle, un mur antibruit est plus qu’un ouvrage technique, c’est éventuellement une oeuvre d’art. Cinq kilomètres c’est en effet la dimension d’un territoire, la dimension d’un paysage que pourraient appréhender les artistes du land-art.

Le long rempart qui défilerait, incliné contre les voies pour de meilleures performances acoustiques, pourrait devenir le support de l’action artistique. Il aurait été imaginé comme un emboîtement de plaques d’acier corten, « aux couleurs de nos automnes rougeoyants. Des branches de saules, vigoureuses et expressives, auraient transpercé ces murs d’acier. Leurs racines, fragiles et généreuses, en retrait du mur, ainsi mises à l’abri des monceaux de neige et de sel, auraient pu se développer en toute tranquillité. Les branches se seraient étirées gracieusement sur les plaques d’acier, plaquées en plusieurs points par de graciles caoutchoucs noirs… ». Cela aurait constitué une adaptation des vergers palissés et des tressages d’osier.

Cocteau et Bérard avaient imaginé dans le château de La Belle et la Bête, d’illuminer le décor par d’inquiétants chandeliers portés par des bras humains qui transperçaient les murs obscurs. Sur le long déroulé des plaques d’acier, les branches de saules auraient ainsi émergé comme autant de signes étranges et envoûtants. Comme une limite entre le réel et l’imaginaire, un rêve inattendu aurait ainsi pu prendre forme sur le travelling de l’autoroute.



Architectes : Francis Soler